La soupe
- Isabelle Pitre Coaching Inc.

- 11 août
- 2 min de lecture

La plupart du temps, voire dans presque tous les cas, les familles ou les amis sont présents auprès de la personne malade. Ces personnes représentent une ressource précieuse pour le personnel, mais parfois leur présence peut compliquer les soins prodigués au mourant. Il arrive que les membres de la famille agissent avec de bonnes intentions au premier abord, mais en analysant la situation, on comprend que ces personnes ne sont tout simplement pas prêtes à laisser partir l’être aimé.
Lors d’une expérience personnelle, j’ai accompagné un fils et son épouse durant le décès de la mère de celui-ci. Cette dame était entre deux mondes sur le plan de la conscience, allongée, avec une communication verbale quasi inexistante. Lorsque le dîner est arrivé — car oui, en institution, le dîner est tout de même livré — le fils voulait absolument faire manger de la soupe à sa mère. Son épouse s’y opposait, estimant, à juste titre, que cela était irréalisable, voire risqué. Le fils, lui, avait une idée bien arrêtée : selon lui, sa mère ne devait pas mourir de faim.
En analysant la situation, j’ai compris que ce n’était pas seulement le fait qu’elle ne mangeait pas qui le préoccupait, mais que, derrière cette scène, il avait saisi que si elle ne mangeait plus, la fin était proche. Or, il n’était pas prêt à laisser partir sa mère, et si la nourrir pouvait prolonger sa vie, il était prêt à le faire.
Face à cette conclusion et à l’acharnement du fils, il me semblait inutile de m’opposer frontalement. J’ai donc regardé le fils et son épouse, et, dans une attitude calme, j’ai exposé tous les risques possibles si la dame mangeait la soupe, ainsi que les actions à entreprendre en cas d’étouffement, de vomissements, etc. Il va de soi que j’aurais fait appel à un membre du personnel si la situation avait dégénéré.
Je crois que le simple fait d’imaginer sa mère s’étouffer ou subir une autre complication l’a fait réfléchir, et il a finalement renoncé à l’idée de la nourrir.
On m’a souvent dit que les familles doivent connaître et comprendre les risques liés aux décisions qu’elles prennent. Le fait d’exposer ces risques, plutôt que de m’obstiner, m’a permis d’éviter une escalade verbale entre le fils, son épouse et moi. Grâce à la compréhension des motivations derrière ce geste, il m’a été plus facile de ramener le bon sens dans la chambre.
Une fois la situation passée, une discussion calme a eu lieu pour expliquer et envisager les prochaines étapes, afin de rassurer la famille. Le fait de dire la vérité sans brusquer, tout en respectant les idées de chacun, crée un climat apaisé et empreint de compréhension.
Notre mission est d’accompagner, plutôt que de donner des directives. Mais je pense qu’il est essentiel de préciser certains éléments afin de faciliter la prise de décision des membres de la famille.
Myriam Blais, étudiante au programme en accompagnement de fin de vie et rédactrice pour l'école Isabelle Pitre Coaching Inc.
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