Mon premier contact avec la mort en tant que professionnelle
- Isabelle Pitre Coaching Inc.
- 17 mars
- 2 min de lecture

Voici comment s'est passé mon premier contact avec la mort, en tant que professionnelle dans l'accompagnement fin de vie. Avec à peine un an d’expérience en tant qu’infirmière auxiliaire, titulaire d’un poste de nuit, j'étais responsable de la résidence pour aînés avec des unités de soins où je travaillais. Au cœur de cette histoire se trouvent un homme en fin de vie et son épouse dévouée.
Je me souviens de chaque instant de cette nuit, même si bien des années se sont écoulées depuis. Dès le rapport du soir, tout indiquait que monsieur nous quitterait durant la nuit. Son épouse, habitant dans un logement de la résidence, était à son chevet et passait tout son temps auprès de lui. Pour ma part, j’étais nerveuse non pas à cause des soins à prodiguer au malade, mais plutôt par l'idée que je souhaitais rendre cet instant le plus paisible possible pour le couple. Je voulais que ce moment leur appartienne.
Pendant la nuit, je me suis vite rendu compte que son épouse, ancienne directrice d’école habituée à tout gérer, voulait bien sûr s’assurer de tout. Elle voulait organiser tout le côté technique du décès, par exemple, ouvrir les fenêtres après la mort, ramasser les cartes d’identité, appeler le salon funéraire selon ses volontés, etc. Je me suis donc retirée quelques minutes pour réfléchir à comment intervenir, prendre du recul et analyser.
Je me sentais dépassée par mon manque d’expérience et je cherchais dans mes notes de cours la solution. J’ai, d’une certaine façon, recadré l’épouse pour la ramener sur l’instant présent avec son mari. Nous nous sommes assises près du lit de son époux et avons passé du temps à parler de lui. Elle s’est mise à me raconter leurs histoires vécues ensemble, lui demandant au passage s’il se souvenait de ces moments malgré le fait qu’il ne communiquait plus. Une belle conversation nostalgique et calme s’en est suivie auprès de monsieur.
À trente minutes de son décès, la dame voulut retirer le jonc de mariage du doigt de son époux, mais celui-ci referma sa main. Elle lui dit dans ses mots : « C’est correct mon amour, j’ai compris. Je te le laisse. » Trente minutes plus tard, il poussa son dernier souffle. Une sensation paisible et un profond silence envahirent la chambre. Son épouse, avec les larmes aux yeux et une belle sérénité, me regarda, me prit et me serra dans ses bras en me disant MERCI.
Dans mon cœur, j’avais réussi! Je me souviens avoir eu un grand sentiment de fierté. L'homme avait pu quitté dans le calme et sans douleur, avec son épouse présente à ses côtés. Un lien unique fut tissé avec cette dame à jamais.
Témoignage de Myriam Blais, étudiante au parcours d'accompagnement fin de vie 1er et 2ème cycle.
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